Proposer une adaptation des habitudes
Ne pas fumer, éviter l’alcool, manger mieux, pratiquer une activité physique régulière sont des règles hygiéno-diététiques de bon sens pour diminuer le risque de survenue de cancer. Ce sont ces mêmes conseils qui sont préconisés pendant et après la maladie. Pourtant, les adopter n’est pas toujours une chose aisée, et nécessite souvent accompagnement et soutien.
Des recommandations nutritionnelles pas toujours évidentes à suivre…
La majorité du temps, les patients connaissent les bases d’une alimentation équilibrée : faire au moins 3 repas par jour, les plus diversifiés possibles et en quantité suffisante, limiter les aliments trop gras et trop sucrés et boire suffisamment d’eau au cours de la journée mais peu de personnes arrivent à les suivre scrupuleusement.
Dans le cadre d’un régime adapté pendant le traitement du cancer, il est important d’insister sur les points suivants :
– Consommer plus de fibres alimentaires et avoir une alimentation riche en fruits et légumes
– Éviter l’excès de viandes rouges et de charcuteries
– Réduire sa consommation de sel
– Diminuer sa consommation d’alcool
Les bénéfices de cette alimentation ne sont plus à démonter sur le maintien du poids, la diminution du risque de récidives, la plus grande capacité à supporter les traitements administrés. Mais ces bonnes règles hygiéno-diététiques sont souvent difficiles à observer, en particulier si votre patient est très fatigué par ses traitements.
Dans ce cas, vous pouvez lui indiquer quelques stratégies à mettre en place :
– Se faire aider par son entourage si cela est possible
– Utiliser des plats cuisinés tout prêts
– Faire livrer ses repas à domicile par l’intermédiaire de sa mairie
Quelques conseils pour maintenir un bon équilibre nutritionnel et retrouver le goût de s’alimenter
Les chimiothérapies en particulier sont source d’effets secondaires digestifs fréquents parmi lesquels la perte d’appétit, les nausées, vomissements, les modifications du goût et de l’odorat, ce qui peut engendrer une perte de poids rapide et importante, signe d’une dénutrition. Pour améliorer cette situation, vous pouvez prescrire à votre patient des compléments nutritionnels. Vous pouvez aussi l’orienter vers un(e) diététicien(ne) qui pourra lui apporter des conseils personnalisés et lui donner un régime adapté à ses besoins.
Pour pallier le manque d’appétit, vous pouvez l’autoriser à déroger à certains principes et lui conseiller de :
– Écouter ses envies, manger ce qui fait plaisir au moment où l’envie est là
– Casser les rituels et à grignoter à n’importe quel moment du jour et de la nuit.
– Fractionner ses repas et prévoir des collations
– Mixer les préparations et à ajouter de l’eau en cas de problème de déglutition
– Éviter les aliments acides, une alimentation épicée et pimentée s’il a subi une intervention au niveau de la bouche, du pharynx ou de l’œsophage
– Choisir des aliments riches en protéines et en calories pour diminuer le risque de dénutrition.
– Éviter les aliments à odeur forte.
Des recettes de cuisine pour se faire plaisir
Le site « La fabrique à menus » du programme Nutrition Santé peut faciliter le quotidien en suggérant des idées et astuces pour varier l’alimentation.
L’élaboration de recettes de cuisine agréables et faciles à réaliser seul ou en famille pour conserver le plus longtemps possible le plaisir de passer à table tel est l’objectif du site « Vite fait, bienfaits ».
N’hésitez pas à indiquer à votre patient les références des sites internet.
L’activité physique : des bienfaits prouvés
Les bienfaits de la pratique d’une activité avant, pendant et après les traitements (chimiothérapie et radiothérapie) sont scientifiquement prouvés. Elle prépare le corps aux traitements, limite les complications post opératoires, lutte significativement contre la fatigue, améliore la qualité de vie, diminue les effets secondaires et le risque de récidive jusqu’à 60% (cancer du sein, du colon et de la prostate) et surtout augmente le taux de survie.
En libérant certaines hormones, l’activité physique permet aussi de combattre la prise de poids liée à certains traitements, en particulier l’hormonothérapie. Elle fait aussi du bien à l’âme et entraine de nombreux effets positifs sur un plan psychologique.
Pratiquer une activité physique contribue pour votre patient, à retrouver la confiance en son corps et à regagner l’estime de soi souvent affectée par la maladie.
Rompre l’isolement, lutter contre l’exclusion est aussi un bénéfice parfois énorme, une autre façon d’exister, d’être vivant chez les personnes isolées par la maladie, les traitements et une vie professionnelle mise entre parenthèses.
Votre rôle est d’indiquer à votre patient, les éventuelles restrictions ou contre-indications avant qu’il ne se lance dans l’action en toute sérénité.
Bien la choisir, apprendre à la doser
Reprendre ou débuter une activité physique n’est pas toujours simple. Aussi, pouvez-vous conseiller à votre patient de pratiquer une activité physique de manière encadrée pour apprendre à doser ses efforts. L’activité choisie doit être adaptée à sa situation, à son traitement et à ses goûts.
Voici quelques petites idées :
• Le Dragon boat avec les « Dragon ladies » pagayer pour se sentir mieux dans son corps.
• L’escrime pour récupérer de la mobilité sur le bras opéré et travailler sa posture.
• La marche nordique pour s’oxygéner de manière tonique.
De nombreuses associations, fédérations, réseaux proposent un large choix d’activités physiques, n’hésitez pas à les communiquer à vos patients.
L’importance d’être soutenu (e) pour changer ses habitudes
Beaucoup de patients avec un cancer, craignent de ne pas arriver à changer leurs habitudes. Il est important de les aider à retrouver confiance dans leur capacité d’agir sans pour autant céder aux diktats.
N’oubliez pas de leur rappeler que pratiquer une activité physique, ne veut pas dire viser la performance et qu’ils ne doivent en aucun cas se sentir coupables si la fatigue et les douleurs leur imposent le repos. Votre rôle est aussi d’informer votre patient que l’arrêt du tabac est associé à une amélioration de sa qualité de vie puisqu’il limite la survenue et l’aggravation de certains effets secondaires de la chimiothérapie et radiothérapie et diminue le risque de complications pendant et après les traitements.
Mais l’information n’est pas suffisante car diminuer sa consommation d’alcool et arrêter de fumer nécessite souvent d’être accompagné(e).
Pour les aider à vivre sans tabac ni alcool, indiquez-leur les nombreuses solutions qui existent.
Par exemple, une consultation avec un tabacologue, un alcoologue, des groupes de parole ou des solutions à distance proposées par Tabac Info Service ou Alcool Info Service.